Contexte // Le réseau ferré du Royaume-Uni
Le réseau ferroviaire de Grande-Bretagne, qui est le plus ancien du monde, se caractérise aujourd’hui par sa complexité et la multiplicité des intervenants. Il compte environ 17 000km de lignes et fait intervenir 28 opérateurs différents.
Originellement construit à partir de tronçons épars exploités par de petites compagnies privées, ils se développent pendant le boom du chemin de fer dans les années 1840 et se transforment en un réseau national. La concurrence diminue ensuite progressivement pour se limiter à quatre entreprises principales après la Première Guerre mondiale. En 1948, les « Big Four » sont nationalisées et forment la société British Railways.
En 1993, British Rail est privatisée et le réseau voyageur partagé entre 26 concessions après enchères. Le réseau fret a quant à lui été vendu par lots, dont la plus grande partie a été reprise par English, Welsh and Scottish Railway (EWS), rachetée plus tard par le Canadien National. Finalement, l’infrastructure a été cédée à l’entreprise Railtrack, mais suite à un accident entraînant sa faillite, elle est reprise par Network Rail, entreprise détenue par le gouvernement britannique.
Jusqu’en 2002, la privatisation du rail britannique avait suscité interrogations et critiques en matière de sécurité et de modèle économique, mais le passage a un gestionnaire de l’infrastructure publique puis l’extension des compétences du régulateur ORR aux questions de sécurité ont engendré un développement impressionnant du transport ferroviaire de voyageurs et de fret. En effet de 2004 à 2014, la fréquentation a augmenté de 50% et l’offre ferroviaire s’est accrue de 20%, et le système ferroviaire britannique a trouvé sa cohérence économique notamment grâce à une politique de ticketing très élaborée. Cependant, un tel succès est aussi dû aux importants investissements de maintenance et de modernisation des infrastructures réalisés par l’entreprise Network Rail, dont l’endettement chiffre à environ 48 milliards d’euros.
Mais aujourd’hui, le bilan est mitigé. Certains usagers dénoncent un service cauchemardesque au quotidien, entre retards, pannes, manque de place et annulations de dernière minute et prix prohibitifs. Conséquence, une partie de la population et des responsables politiques demandent une reprise en main du rail par l’Etat.
En 2021, le gouvernement britannique a annoncé la création d’une entreprise publique qui va désormais chapeauter le fonctionnement des trains du Royaume-Uni. S’il ne s’agit pas d’une nationalisation complète, l’influence du secteur privé sera réduite. Great British Railways, la nouvelle entreprise, ne fera pas rouler les trains elle-même, mais signera des contrats de sous-traitance avec des entreprises privées qui fourniront le service. Les entreprises privées devront donc seulement faire fonctionner les trains, et ne devront pas répondre à une logique de rentabilité les poussant à prendre des risques pour pouvoir les remplir. Great British Railways déterminera les horaires, les prix et les liaisons à assurer.
